LA PETITE GARE

Son histoire est celle du tramway car la vallée du Grésivaudan est, entre les massifs de la Chartreuse et de Belledonne, l’axe majeur de communication de Grenoble vers les confins de la Savoie.

Fin XIXe, sur la rive gauche de l’Isère, Grenoble est déjà reliée à Montmélian par une voie ferrée et à Domène par une ligne de tramway mais d’autres moyens de communication deviennent nécessaires pour répondre au développement économique de la rive droite et ouvrir de nouvelles possibilités aux promeneurs citadins.

Un premier projet de tramway à vapeur est alors présenté en 1893 mais les dirigeants de la société du tramway[1] abandonnent la classique traction vapeur en faveur de l’électricité proposée par Aristide Bergès[2] et fournie par une centrale hydraulique voisine de celle de la papeterie de Lancey.

Le système d’alimentation en courant continu à haute tension est très novateur : les motrices sont équipées de 2 perches parallèles glissant sur deux fils aériens à +600 et -600 volts par rapport au rail. Le raccordement du transport de la force à la caténaire s’effectue aux Drogeaux.

L’ouverture de la ligne s’étend sur 3 ans (1899-1901). Le tronçon Place Notre-Dame – Crolles est inauguré le 23 décembre 1899. Sur cette ligne à voie unique, des évitements dans les gares, comme celle de Saint-Nazaire, permettent le croisement de deux convois. Un horaire daté de 1901, nous indique qu’il y avait huit dessertes par jour en semaine, trois le dimanche et treize de plus pour Saint-Ismier. Après une première année d’exploitation, il est décidé de n’ouvrir la gare qu’aux passagers des trains, soit trois heures par jour.

Les automotrices peuvent accueillir 48 voyageurs dont 18 assis. Les banquettes sont chauffées l’hiver par des résistances placées sous les sièges. Deux fourgons automoteurs permettent de remorquer les trains de marchandises. Dès 1920 à Saint-Nazaire, afin d’éviter aux voyageurs d’attendre à la station à proximité des engrais chimiques transportés, on envisage la construction d’un abri couvert pour le stockage, puis d’un quai de marchandises. Ils sont édifiés aux frais de la commune en 1923.

Le 20 octobre 1912, il est fait état des difficultés financières de la compagnie du tramway et le 23 avril 1915, la municipalité proteste contre le projet de fermeture de la gare de Saint Nazaire[3], qui effectivement n’aura pas lieu.

Mais apparaît, dès 1931, la concurrence des autobus routiers, entraînant la fermeture progressive des différents tronçons reliant Montbonnot à Chapareillan entre le 15 mai 1933 et le 15 novembre 1937. La partie restante jusqu’à Grenoble subsistera pendant la seconde guerre mondiale mais la ligne sera entièrement fermée le 1er novembre 1947.

La gare de Saint-Nazaire servira ensuite de logement puis de local des pompiers et depuis 2015, de local associatif nommé « Petite gare ».

 

LA CASERNE

C’est le 21 août 1904 qu’est organisée une subdivision de Sapeurs-pompiers dans la commune de Saint-Nazaire. La compagnie est alors composée d’un lieutenant, un sous-lieutenant, deux sergents, quatre caporaux, un clairon et vingt-neuf sapeurs. Ils prennent l’engagement de servir dans la subdivision pendant une durée minimale de cinq années consécutives. La mairie fournit un uniforme à chaque pompier : une blouse, un pantalon, un ceinturon, un képi et un casque dont il sera responsable.

Les manœuvres ont lieu tous les mois, de février à octobre, sauf si le temps ne le permet pas : manœuvres de nuit, simulations d’incendie, exercices de détails dans les différents hameaux de Saint-Nazaire.

Les moyens dont disposaient les sapeurs-pompiers pour lutter contre les feux de cheminée et les feux de grange étaient limités, le principal étant l’eau. Il fallait la pomper ou la puiser dans les bassins ou les puits jusqu’au jour où les bouches d’incendies ont été aménagées, c’est-à-dire lorsqu’a été installé le réseau de distribution communal. La première bouche d’incendie a été mise en place à la Veyrie en 1936. Les tuyaux des lances étaient en cuir, avec des rivets, par conséquent très lourds. Les pompiers disposaient d’une pompe et de seaux en toile. À partir de 1946, ils sont équipés d’extincteurs. En cas de feu de cheminée, ils faisaient brûler du soufre dans celle-ci, entraînant l’extinction par dégagement de gaz sulfureux, procédé peu académique mais très efficace.

Pour remiser la pompe qui se trouvait chez le lieutenant, la municipalité décide de construire un premier local sur le champ de foire en 1909, puis un second en dur tout en haut du chemin du Cerf en 1914. C’est ensuite en 1975, que sera construite une caserne des pompiers à côté de la « Petite gare », à l’emplacement où avaient été édifiés l’abri de stockage couvert et le quai de marchandises en 1923.

Outre les manœuvres et les services incendie, les sapeurs-pompiers doivent participer aux convois funèbres : clairon, porteurs, char funèbre. On achète donc un char funèbre et pour chaque convoi, il y a quatre clairons en plus des porteurs. Les sapeurs-pompiers marchent devant le corbillard tiré par des chevaux ou des mulets.

Un des pompiers qui faisait partie de l’Harmonie des Papeteries de Lancey (clairon de chasse), constitue en 1986, à la demande de son chef de corps, une clique qui fonctionne jusqu’à son décès en 2003. Elle jouait les sonneries pour chaque cérémonie du 8 mai ou du 11 novembre et animait la Sainte-Barbe (sainte patronne des sapeurs-pompiers) le 4 décembre de chaque année.

La caserne des pompiers de 1975 sera démolie en 2015 car sa réhabilitation aux normes actuelles aurait été trop onéreuse ; au même emplacement, un nouveau bâtiment dénommé  la « Caserne » est alors édifié pour servir à diverses activités associatives.


[1] TGC : Tramway Grenoble Chapareillan

[2] Aristide Bergès avait déjà entretenu des liens étroits avec la commune pour l’éclairage

[3] Archives  communales de Saint-Nazaire-les-Eymes