Ville de Saint Nazaire les Eymes
Clèmes - Fiche détaillée
 

Clèmes ou Cleymes

Au fil du temps, le nom du lieu-dit de Clèmes connaît de nombreuses variantes orthographiques : Cleymis, Cleymes, Cleimes, Clemes, Clèmes ….
Certains historiens privilégient l’étymologie grecque de klêma, sarment, cep de vigne mais aussi clématite, alors que Jacques Bruno[1] suppose qu’elle viendrait de clamus, nom d’homme gaulois.

C’est autour de ce nom que s’est construite une longue histoire inscrite dans la mémoire de Saint-Nazaire-les-Eymes.

Une longue histoire

Un document des Archives Départementales de l’Isère de 1268, mentionne Pierre Auruce comme propriétaire de Clèmes : « Maître de Goncelin juge du Graisivaudan pour le dauphin adjuge à Pierre Auruce, les domaine et cens d’une vigne dans la manse de Clèmes, au mandement de Montbonnot. »[2].

En 1319, Noble Eustache de Clèmes épouse Clémence, fille de Noble Bernard Cognoz.
Veuve d’Eustache de Clèmes, Clémence se remarie en 1349 avec Jean Berlion de La Terrasse ; elle tient en fief du Dauphin les biens hérités de son premier mari.
Le domaine est associé pendant quatre siècles à la famille Cognoz. En 1772, Balthazard François Cognoz de Clèmes lègue sa propriété à son filleul Joseph Augustin Rivière, conseiller maître ordinaire à la Chambre des comptes du Dauphiné.

Trois propriétaires se succèdent en une brève période : Abraham Gabriel Rétif de 1791 à 1801, Clément-Charles Rolland de Ravel jusqu’en 1810, frère de François Amat Rolland propriétaire du château des Eymes , Jean-François Hilaire jusqu’en 1825. Ce dernier transmet le domaine à son filleul Jean-François Jacquin. Cette famille, puis celle des Benoist par alliance et par héritage, l’ont conservé jusqu’en 2005.[3]

 

LA MAISON FORTE

La maison forte de Clèmes est mentionnée en 1378. Elle est construite en position dominante sur la vallée de l’Isère. La tour défensive d’origine est datée du XIVe siècle.
Au fil du temps et au gré des propriétaires successifs, la maison forte perd son aspect défensif.
D’après l’étude effectuée en 1998 par le Conservatoire du Patrimoine de l’Isère[4], les travaux de construction s’échelonnent sur plusieurs siècles. Les extensions successives, du XVe au XVIIIe siècle, encadrent la tour et la cour attenante. C’est à la fin du XVIIIe siècle, que les bâtiments fermiers orientés Nord-Ouest ont vraisemblablement été construits.

La maison forte s’est peu à peu transformée en château tout en conservant la mémoire de sa fonction d’origine.

Pour en savoir +  

 

LE BARON JEAN-FRANCOIS HILAIRE (1748-1825)

Né à Chirens en 1748, Jean-Francois Hilaire fait des études de droit qui le conduisent à entreprendre une carrière d’avocat au Parlement du Dauphiné. En 1788, il devient député de Chirens à l’Assemblée de Vizille.

Très favorable aux idées nouvelles, il s’engage dans le mouvement révolutionnaire local. Il devient successivement procureur-syndic, agent national du district de Grenoble, puis commissaire du Directoire exécutif près de l’Administration centrale de l’Isère.
Il est nommé sous-préfet de Vienne en 1800 puis préfet de la Haute-Saône en 1804. C’est par décret du 31 janvier 1810 qu’il est créé baron d’Empire. Il achète la même année le domaine de Clèmes où il s’y retire après sa destitution de la fonction de Préfet. Installé à Clèmes, le baron Hilaire fait « de nombreux achats pour le jardin et la maison ». En 1811, une facture fait état de 130 arbres – fruitiers et autres – et de plus d’un millier de « sujets de pépinière », dont : peupliers, noyers, érables, acacias, sycomores, mûriers, au total 2 500 arbres et fruitiers sans compter les plants de vigne. … il remet en état l’ensemble des toits des bâtiments, mentionnant la pose de 2000 tuiles … »[5].
 

Mais sa gestion du domaine s’avère hasardeuse et trop ambitieuse.
Par ailleurs, Il est confronté à des difficultés administratives. Le considérant comme un opposant irréductible à la Restauration, le gouvernement lui supprime sa pension.
Il meurt à Saint-Nazaire le 7 septembre 1825, solitaire et ruiné, victime de haines politiques, après avoir demandé, sans résultat, à être enterré "à côté de sa vigne de choix".[6]
Une croix de pierre rappelle le souvenir du baron Jean-François Hilaire dans le parc privé de Clèmes.
Il désigne comme héritier son neveu et filleul Jean-François Jacquin alors mineur. Du fait des dettes, la succession se révèle difficile pour Joseph Jacquin, père de Jean-François.

 

LES VIGNES DU DOMAINE

En 1825, la surface plantée en vignes est de 17 hectares, c’est le domaine viticole le plus important de la commune.

L’inventaire effectué après le décès du baron Hilaire, en 1827, répertorie terres, vignes, maison de maître, maison fermière, cellier, caves … et une liste impressionnante du matériel viticole qui témoigne de l’importance du domaine : « deux grands pressoirs système Marmonnier à vis en fer ; sept cuves contenant, entre toutes, environ six cent soixante hectolitres ; trente-six tonneaux contenant environ huit cent vingt hectolitres … »[7].


[1] BRUNO, Jacques, Le Graisivaudan, toponymie et peuplement d’une vallée des Alpes, Grenoble, 1977, p.84

[2] ADI Inv. Gr. t.2, 436a, in Dossier Clèmes, Service de la Conservation du Patrimoine de l’Isère, non daté, non publié.

[3] Groupe Patrimoine de Saint-Nazaire-les-Eymes, Les Drogeaux, Flâneries dans Saint-Nazaire Les Eymes, 2010

[4] Dossier Clèmes, Service de la Conservation du Patrimoine de l’Isère, non daté, non publié

[5] BENOIST, Odile,  Maison forte CLEYMES Histoire en zig-zag, Imprimerie Trajets Genève, 2015 - non publié

[6] Groupe Patrimoine de Saint-Nazaire-les-Eymes, Les Drogeaux, Flâneries dans Saint-Nazaire Les Eymes, 2010

[7] BENOIST, Odile, Yves, La maison forte de Cleymes,2003