Ville de Saint Nazaire les Eymes
L'eau dans le hameau du Village - Fiche détaillée
 

L’EAU A SAINT-NAZAIRE-LES-EYMES

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les foyers sont alimentés en eau potable uniquement par des sources locales et des puits. L'eau consommée sur la commune de St Nazaire provient en partie de la nappe aquifère du cône du Manival et en partie du « réservoir naturel » constitué par la Colline [1].

Le cône torrentiel du Manival s'étend d'est en ouest sur les communes de Bernin, Saint-Nazaire et Saint-lsmier. Il est bloqué, côté est de Saint-Nazaire et côté ouest de Bemin, sur un reste de moraine glaciaire appelé la Colline : son sommet culmine à la cote 350 au droit du château de la Veyrie.

Toutes les anciennes fermes de Saint-Nazaire-Les Eymes, entre le CD 1090 (altitude 348 m au croisement avec le CD 30) et la courbe de niveau 310 disposaient d'un puits réalisé à travers l'épaisseur des éboulis du cône du Manival (11 au total, de 7 m de profondeur, en bas du Piat, à 30 m, au-dessus du CD 1090). Le fond de tous ces puits s'arrête dans une couche imperméable constituée d'argiles grises vraisemblablement d'origine glaciaire. Cette couche atteint 15 à 20 mètres d'épaisseur. Tous ces puits interceptent la nappe du cône du Manival et par conséquent leur niveau d'eau fluctue selon la saison (maximum à la sortie de l'hiver et minimum en fin d'été, avant les pluies d'automne) et suivant l'emplacement géographique sur le cône.

 

Plus à l'aval, à la limite supérieure de la couche d'argile imperméable, affleure une série de sources (cinq permanentes et une intermittente) : ces sources existent également en rive droite du Manival à St Ismier.

Plus à l'aval encore de cette ligne Est-Ouest de sources, existe un certain nombre de fontaines distribuant l'eau canalisée depuis les sources à l'aide de conduites en terre cuite. On dénombre ainsi quatre fontaines au Lavors, deux le long du chemin du Manival, deux sur le chemin du Village et une au Moulin.

Au milieu du XIXe siècle, deux bassins et deux fontaines à bouton-poussoir sont installés dans le hameau du Village, alimentés par le captage d’une source au Lavors.

La Colline est un reste de moraine glaciaire constituée de couches sablonneuses perméables et argileuses imperméables avec des blocs cristallins charriés par les glaciers et encore visibles aujourd'hui. Elle constitue avec la dépression de la Fonce, au nord du chemin de la Veyrie, le second réservoir d'eau naturel de la commune. Cinq puits existaient dans cette partie Est de la commune, dont 3 aux Drogeaux. Le plus profond (35 mètres), encore visible aujourd'hui, se situe en bordure du chemin de la Veyrie.

Il y a aussi deux sources au débit relativement modeste. L'une se situe en bordure sud de la Colline et alimentait la ferme Veillet, actuel Parc des Ecoutoux. L'autre, provenant de la Fonce, passant à travers le château des Eymes qu'elle dessert, s'écoulait d'abord dans un bassin situé contre le mur du château presque à l'angle du chemin du Mollard pour alimenter en cascade un deuxième bassin dans les communs du château, au Brinchet.

Plusieurs citernes maçonnées montrent le captage de sources le long du chemin des Drogeaux, au chemin des Ecoutoux comme au chemin du Lavors.

Pour faire face aux besoins, les sources locales et les puits ne suffisent pas toujours. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, des habitants des Eymes, des Ratz et de Bernin prennent des parts dans une association chargée de capter les eaux des sources Fontaine Bonnet et Fontaine Rouge, situées dans les bois communaux de Bernin, avec l’accord des deux conseils municipaux. Ces eaux, partagées par moitié entre Saint-Nazaire et Bernin, alimentent à St Nazaire les hameaux des Ratz et des Eymes. Au début du XXe siècle, un réseau commence à se constituer avec une conduite qui passe par Beauregard pour alimenter le Lavors.

Puis les propriétaires de Bernin peuvent abandonner leurs droits car ils ont acheté à Saint Pancrasse la source Chatain. Saint-Nazaire rachète leurs parts et dispose dès lors du débit total des deux sources. Deux réservoirs de 200 m3 sont construits en 1964. Enfin, en 1967, la municipalité passe un contrat avec le Syndicat de la Dhuy pour un apport complémentaire provenant du massif de Belledonne. Cette eau, captée au pied de la cascade de l'Oursière,à 931 m d'altitude, traverse la vallée au pont de Domène pour remonter alimenter deux réservoirs de 3000 m3 à 600 m d'altitude, sous le Saint-Eynard au vallon de la Ruine. Un troisième réservoir de 400 m3 est construit en 1977 à Baratière puis un quatrième, de 480 m3, situé au dessus des deux précédents dans le tournant de la route de Saint-Pancrasse et couplé avec eux.

Les municipalités successives n'ont eu de cesse depuis d'améliorer le captage, le débit et la qualité de l'eau de nos sources.

 

[1] Texte tiré en grande partie de l’article de Jean-Michel Sitter, ingénieur hydraulicien, dans le Bulletin municipal de St-Nazaire-Les-Eymes (1994). In : La Vie locale de l’ancien régime à nos jours, vol. 1. St-Nazaire-Les-Eymes : Groupe Patrimoine, 2001, p. 29-36. Ouvrage disponible à la bibliothèque l'Oiseau Lyre.