Ville de Saint Nazaire les Eymes
La vie au Piat - Fiche complementaire
 

La vie au Piat de 1850 à 1950

Les artisans

Le chemin du Piat résonne des bruits du maréchal ferrant installé au n°246 ; l'arc de pierre grillagé fait partie de son atelier.

Les paysans ont alors besoin de professionnels du bois, du fer et du feu pour leurs outils, leurs moyens de transport, leurs animaux de trait. Joseph Colomb est le dernier d'une lignée de forgerons à Saint-Nazaire, débutant avec Isidore, originaire de Saint-Barthélémy de Séchilienne, qui s'installe au milieu du XIXe siècle au Village dans la maison « Pelosse ». Son fils Isidore Auguste lui succède. Son petit-fils Joseph reprend le flambeau d'abord au Village puis au Piat. Il ferre les bêtes dans la cour de la maison Flory  où les restes du « travail » sont encore visibles en 1979. Aujourd'hui, seul un anneau fixé dans la façade témoigne de cette activité.

Joseph Colomb est reconnu dans la vallée du Grésivaudan pour son habileté en ferronnerie ; quand il a besoin de transporter du matériel ou de grosses pièces, il emprunte le cheval du boulanger Berthet. Mais, gazé pendant la guerre de 1914, il meurt jeune en laissant trois enfants en bas âge. La forge avec ses deux grands soufflets est abandonnée et peu à peu pillée.

D'autres artisans vivent aussi dans ce hameau au XIXe siècle, dont les maçons Jean Perrier et Jean Frassy, un tisserand Pierre Wondergitz et son ouvrier Claude Perronet et, plus tard, un bourrelier aussi matelassier à l'occasion, Gamba, d'abord dans l'impasse du Moissief puis aux Eymes.

Les commerçants

Ce que nous savons des habitants du Piat : leurs occupations, la composition des familles, certains événements... permettent de recréer des images de la vie de tous les jours du hameau entre 1850 et 1950. Non seulement des images mais aussi des odeurs, des bruits...

La grande maison du n° 279 a longtemps abrité le boulanger et l'épicier du hameau. Les anciens de Saint-Nazaire se souviennent tous du dernier boulanger Henri Berthet (1868-1955) qui cuit son pain dans le four dont il reste maintenant seulement l'abri.

Abri de l'ancien four

  Maison du boulanger et de l'épicier

 

Il pétrit sa pâte avec l'eau pompée (jusqu'en 1938 !) dans son puits en sous-sol. On voit encore aujourd'hui sur la façade latérale de la maison le bras de cette pompe.

Après la première guerre mondiale, grâce à un legs de 500 F de la famille Onofrio, propriétaire du château des Eymes, Berthet fournit gratuitement le pain à 17 familles de la commune dans le besoin, dont sept veuves de guerre.

A la même époque, l'épicier Victor Coche approvisionne les habitants en produits de première nécessité. Il a pris la suite d'une longue série d'épiciers dont on retrouve les noms dans les recensements anciens : Jean Gaspard, Jean Grenier, François Frassy, Joseph Frassy. Lui succèderont Joseph Veillet, puis sa fille Marthe.

Les gantières

C'est un condensé de la vie d'un hameau à la charnière du XIXe et du XXe siècles qui se devine à travers celle des deux filles de François Frassy, l'épicier du Piat.

L'aînée Louise, née en 1863, épouse Victor Coche cultivateur originaire de La Terrasse qui reprendra l'épicerie familiale. Elle est d'abord « couturière modiste », puis « receveuse à la compagnie de tramway ».

La cadette Augustine, née en 1868, épouse son voisin le boulanger Henri Berthet. Elle est d'abord couturière de gants puis, à partir de 1906, elle dirige sa propre « entreprise de couture de gants ». Elle redistribue le travail autour d'elle, non seulement au Piat mais aussi sans doute dans les autres hameaux de Saint-Nazaire et à sa petite cousine Charlotte Frassy que l'on voit ci contre en plein travail, installée devant sa machine à surjeter dans le Chemin du Village.

A la fin du XIXe siècle, la ganterie de Grenoble occupe 35 000 ouvriers, soit pratiquement la moitié de la main d'œuvre de la ville et de sa proche banlieue. Elle procure aussi d'intéressants compléments de revenus dans les villages des environs où l'on compte de nombreuses couturières de gants à domicile et quelques coupeurs. Il se fabrique alors dans la région grenobloise chaque année, 1 000 000 de douzaines de paires de gants portés dans toute la France et à l'étranger.

A Saint-Nazaire, pour une population de 440 habitants en 1900, on compte 25 gantières et 4 gantiers. À la même époque, au Piat où vivent 14 familles, on dénombre 5 gantières et une « entreprise de couture de gants ». En 1945, il y a encore dans la commune 5 gantières.