Ville de Saint Nazaire les Eymes
Le hameau des Drogeaux - Fiche détaillée
 

CHARRON ET MARECHAL FERRANT [1]

Ces deux métiers, dont le savoir-faire était indispensable à la vie paysanne, ont perduré jusqu’à la modernisation de l’agriculture et de son matériel, et obligé ces artisans à s’adapter, le forgeron en serrurerie / ferronnerie, le charron en menuiserie.

Henri CHARLES a été le dernier charron, forgeron et maréchal ferrant du village.

Installé aux Drogeaux en 1948, il y a exercé jusqu’en 1967. Il fabriquait entre autres des chars, fabrication qui demandait des semaines de travail avec comme point d’orgue le ferrage des roues, moment important par la rigueur de l’opération. Il consistait au montage du bandage métallique sur la roue en bois, opération qui se faisait en chauffant le fer au rouge pour l’ajuster sur la roue en bois, et l’ensemble devait être refroidi immédiatement par arrosage afin que le fer se rétracte.

La roue était composée d’un moyeu en orme, de rayons en acacia et de segments en frêne.

Il intervenait ponctuellement pour des travaux communaux, portails aux écoles, main courante dans l’Etroit, sécurisation des regards d’eaux communaux et une génération de gamins de Saint Nazaire a fait de la luge fabriquée aux Drogeaux !

L’autre activité pratiquée était celle de maréchal ferrant, exclusivement vouée aux bœufs et vaches de travail. Contrairement aux chevaux d’ordinaire dociles, les bovins sont moins coopératifs, leur morphologie ne leur permet pas d’être en équilibre sur 3 pattes le temps d’un ferrage qui est  long car le bœuf a 8 onglons à ferrer ; c’est pourquoi on utilisait un travail à ferrer qui permettait au  maréchal ferrant de travailler en sécurité et à la bête de ne pas se blesser lorsqu’elle montrait son mécontentement car elle était entravée, la tête immobilisée et soulagée par une sous ventrière.

Le ferrage des bœufs se faisait à froid avec des fers droits et gauches de différentes pointures.

 

LES VIGNES DANS LE HAMEAU DES DROGEAUX [2]

Présente déjà en Gaule, la vigne est plantée sur les deux rives de l’Isère depuis le XIe siècle. Elle s’étend jusque sur les parties hautes du cône du Manival dont le sol perméable et sec est très favorable à sa culture.

Dans les registres paroissiaux (1670-1793), la profession de vigneron est la plus fréquemment rencontrée. Sur les parcellaires de l’époque qui indiquent l’utilisation des terres (pré, vigne, terre, jardin…) et leur estimation en vue du calcul des impositions, on constate que ce sont les vignes qui ont le plus de valeur et en particulier, les vignes de Picapour et celles des Ecoutoux aux Drogeaux.

Avec la vente des biens nationaux pendant la Révolution, les vignes, qui étaient le plus souvent propriétés du clergé et de la noblesse, changent de main. Ainsi aux Drogeaux, sitôt passé le chemin de la Croze, les vignes du « Chapitre de Notre-Dame de Grenoble » deviennent « vignes de la Nation ».

D’autres vignes et des terres sont adjugées à la municipalité, à Sieur Bourne… . Plus loin sur le coteau, M. de Rivière, châtelain de Clèmes, reste le plus grand propriétaire.

Au XIXe siècle, la vigne est la monoculture de la rive droite de l’Isère. Le chemin de fer, rive gauche (1894), puis le tramway rive droite (1899), facilitent la vente de la production sur Grenoble.

Le vin frais et léger (de 7,5° à 9°) plaît aux ouvriers et se vend bien dans les estaminets. A la suite du terrible fléau que fut le phylloxera de 1885, les viticulteurs reconstituent le vignoble grâce aux plants américains.

Après la guerre de 1914, la production est si importante que les prix s’effondrent. Des caves coopératives (Bernin en 1932, Saint-Ismier en 1936) sont créées pour regrouper les forces.

 

Bien que la majorité des Saint-Nazairois aient un double emploi, ouvriers dans les usines de la rive gauche et cultivateurs, ils restent attachés à leurs vignes. Il faudra attendre les années 1960 pour que les villas remplacent les rangs serrés de ceps où, en septembre, les familles se retrouvent  pour vendanger et faire la fête.
Vendanges aux Drogeaux vers 1933  
 

[1] D’après le témoignage de la famille CHARLES

[2] Groupe Patrimoine de Saint-Nazaire-les-Eymes, Les Drogeaux, Flâneries dans Saint-Nazaire les Eymes, 2010