Ville de Saint Nazaire les Eymes
Les moulins - le pont du Manival - Fiche détaillée
 

Les moulins et le pont du Manival

Autrefois, les moulins étaient essentiels à la vie villageoise, en particulier les moulins à farine,   ingrédient de base de la fabrication du pain.

Deux moulins figurent sur le cadastre napoléonien de 1807 : un moulin à farine et en aval un battoir à chanvre. Ils partagent la même force motrice : l’eau détournée du Manival et amenée par le bief. L’énergie hydraulique maîtrisée peut entraîner des meules à grains, des battoirs, des scies …

La présence d’un moulin à chanvre ou battoir à chanvre s’explique par la culture locale du chanvre favorisée par des conditions appropriées : les sols fertiles de la vallée de l’Isère, les zones humides de Saint-Nazaire, la chaleur en été....

La culture du chanvre est attestée dans le Grésivaudan dès le Moyen-Âge.

A Saint-Nazaire, elle représentait un revenu non négligeable pour les familles paysannes.

 

La culture du chanvre, les étapes de sa transformation en textile [1]

Le chanvre est cultivé pour ses fibres depuis la plus haute Antiquité.

Cette plante textile sert alors à fabriquer des cordes, toiles, tissus.

Le chanvre est une plante annuelle semée au printemps après les dernières gelées et dont la récolte s’effectue en fin d’été. C’est une plante dioïque ; la fleur mâle et la fleur femelle poussent sur des plants distincts.

La récolte des plants de chanvre se fait en deux temps. Les plants mâles utilisés pour la fibre, arrivés à maturité en août, peuvent atteindre 4m de haut. Ils sont arrachés à la main et  rassemblés en grosses bottes. Les plants femelles sont récoltés plus tard afin que les graines (chènevis) mûrissent pour la semence de l’année suivante.

Les bottes de plants mâles sont immergées et maintenues par des grosses pierres dans des réservoirs d’eau ou routoirs.

Cette opération de rouissage permet d’éliminer la gomme qui agglomère les fibres. L’action de l’humidité et de la fermentation accélère la séparation des fibres de la tige. Le rouissage terminé, les tiges sont mises à sécher dans les prés ou dans des fours.

Lorsque les tiges sont sèches, vient le temps du teillage ou broyage qui consiste à séparer l’écorce de la tige, la filasse de la chènevotte.

La filasse obtenue est rugueuse et doit être assouplie au moyen d’un battoir. Cette opération est réservée à la production des toiles et tissus.

Au Moyen-Âge, des levées de bois écrasent la filasse en retombant lourdement, d’où le terme de battoir. Ce terme a été conservé pour les moulins à eau dont la roue actionne un cylindre de pierre tournant sur un plateau de bois sur lequel la filasse est déposée.

Puis la filasse est peignée avec des peignes  aux dents de plus en plus serrées selon la qualité de fibre souhaitée. S’ensuivent le filage et le tissage.

 

Les routoirs

Les multiples sources et ruisseaux du Lavors ont alimenté de très nombreux routoirs.
D’après le cadastre napoléonien, il en existe plus d’une vingtaine sur la commune dont les 4/5 au Lavors.
Les eaux des routoirs dégageaient une odeur nauséabonde. De nombreuses plaintes, de longs procès en témoignent et dès 1791, la municipalité impose le nettoyage des routoirs. De ce fait, vers 1840, un projet d’installation de l’école de filles au Lavors est écarté.

Extrait du cadastre napoléonien, le Lavors : les routoirs en bleu  

 

Localement, du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle

Pendant la Révolution, le chanvre est réquisitionné comme matière précieuse pour le service de la Marine. En 1793, treize cultivateurs de la commune produisent près de cent quintaux de filasse de première qualité dont ils versent les  trois quarts au magasin du district de Grenoble. 

Entre 1767 et 1822, on comptait huit peigneurs de chanvre à Saint-Nazaire, plus de 550 au début du XIXe siècle à Grenoble. Les métiers de cordiers, fileurs et tisserands étaient aussi liés à cette activité. Plusieurs familles de tisserands sont connues sur la commune au cours du XVIIIe siècle et jusqu’en 1856.

 

Le déclin

La concurrence italienne et russe, l’arrivée du coton, localement l’industrialisation de la rive gauche de l’Isère qui absorbe la main-d’œuvre, rendent cette culture moins intéressante. Dès 1850, le déclin s’amorce et en 1900 la culture du chanvre a disparu, remplacée en partie par celle du tabac.

Les bassins sont alors peu à peu comblés. Un de ces routoirs sera transformé en vivier avant d’être comblé.

 

 

Le Manival

Pour plus de détails concernant le Manival, consultez le site d’information sur les risques majeurs en Rhône-Alpes.

[1]  Groupe Patrimoine, Le Lavors & la place de l’église, Flâneries dans Saint-Nazaire Les Eymes, 2012 et  Archives communales de Saint-Nazaire Les Eymes